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12 idées reçues sur le portage

Chapitre Ier : la (belle) famille, la boulangère et le portage

1. « Porter son bébé le rend dépendant / capricieux / névrosé (= il faut couper le cordon) »

FauxLa Number One des idées reçues, avec de nombreuses déclinaisons et variantes, émanant souvent de la famille et surtout de la belle-famille :p Les bienfaits du portage ne sont plus à démontrer, des études scientifiques étayent aujourd’hui ce que l’instinct parental a toujours su, même si on a essayé de l’en dissuader. Le bien-être des bébés est le sujet de nombreux ouvrages et tous sont unanimes pour dire qu’un bébé rassuré par les bercements, cajolé, câliné, dorloté, pouvant observer le monde en sécurité (bref, porté) est un bébé qui pleure moins longtemps, qui est moins stressé, qui a moins de coliques. On peut en conclure qu’il ira plus sereinement vers l’autonomie mais on peut pas lutter contre la génétique…Shui-long-clover-HaB-sourires

Quelques données scientifiques, parmi d’autres ! :

  • Le peau à peau diminue de 74% l’hormone du stress chez le bébé. (Source : Porter bébé, avantages et bienfaits)
  • Un orphelinat américain instaure le T.L.C (Tender Loving Care), une méthode qui privilégie la tendresse et un régime quotidien de soins maternels : les bébés sont portés, pris dans les bras pour être consolés… Le taux de mortalité tombe ainsi de 35 à moins de 10% ! (source : La Peau et le toucher d’Ashley Montagu)
  • Bercer provoque une stimulation cellulaire et viscérale générale et facilite le bon fonctionnement des voies gastro-intestinales. L’intestin contient toujours du chyle liquide et des gaz. Le balancement répand le chyle d’avant en arrière, partout sur la muqueuse intestinale. La bonne diffusion du chyle dans tout l’intestin aide la digestion et probablement l’assimilation. (source : La Peau et le toucher d’Ashley Montagu)
  • Dans un essai randomisé, Hunziker et Barr ont proposé à des mères occidentales de tenir et de porter leur bébé deux à trois heures par jour en plus des périodes de contact liées à l’allaitement ou à l’apaisement. Comparativement au groupe contrôle, la fréquence des épisodes de pleurs était identique mais la durée de chaque épisode de pleurs réduite de 43 % chez les enfants bénéficiant de deux heures de portage supplémentaire. (Source : Les pleurs du nourrison, un autre regard)
2. « Porter, ça fait mal au dos ! »

Faux« C’est pas trop lourd ? », « Ca te fait pas mal ? », « Tu vas te casser le dos ! »

mina-tongaLe portage c’est un sport en douceur, qui laisse aux muscles le temps de se renforcer au fur et à mesure que bébé grandit. Mon dos ne se porte jamais aussi bien que lorsque je porte ! À condition de bien positionner son enfant, afin que vos deux centres de gravités s’emboîtent correctement, les outils de portage physiologique sont au contraire un soulagement précieux pour le dos comparés à la seule force de nos bras ! Ce sont d’ailleurs les premières paroles de ma maman lorsqu’elle a enfilé le Tonga pour la première fois, après avoir promené son petit-fils de 8kg pendant 30 minutes à bras : « Ça soulage le dos !« 

3. « Bébé est mal installé / Le portage, c’est dangereux »

Faux« trop serré, arrondi, jambes écartées, il ne peut pas voir autour de lui, ne peut pas respirer, il peut tomber, le nœud peut se défaire… » (liste non exhaustive)

Alors ce genre de remarques est souvent l’apanage des inconnus, qu’on croise dans la rue, à la boulangerie ou chez le boucher… mais aussi de l’entourage familial ! Tous ont en commun de réagir en tirant des conclusions hâtives d’une situation qu’ils ne connaissent pas. Alors, ne leur jetons pas la pierre et expliquons-leur que :

  • Un bébé assis-accroupi, le bassin basculé vers l’avant (dos arrondi donc), est un bébé entièrement soutenu par sa base, ce qui lui permet de n’avoir aucun effort à fournir pour lutter contre la gravité, l’apaise, le repose et le rassure.
  • Un bébé porté (à bonne hauteur) a le choix entre découvrir le monde à hauteur d’homme ou bien se réfugier contre le giron de son porteur s’il se sent trop stimulé par l’extérieur.
  • Le tissu qui enveloppe bébé est « ajusté », non pas serré. Si le bébé a les pieds bleus, vous êtes en droit de vous inquiéter.
  • Un bébé porté convenablement a toujours les voies respiratoires dégagées et libres.
  • Un porte-bébé, bien installé, est toujours sécurisé : double nœud pour les tissus, ceintures à boucle pour les préformés, anneaux qui bloquent le tissu pour les slings. Même avec de la bonne volonté, le porté ne peut en sortir, donc encore moins en tomber par inadvertance…
4. « Y’a pas que les africains qui portent ? »

FauxOutre le fait que le portage était une question de survie pour toutes les civilisations de la planète à l’heure où la poussette n’existait pas, tous les âges de l’Histoire occidentale ont connu le portage. Ce n’est qu’avec la Révolution Industrielle, au XIXème siècle, et la généralisation du travail des femmes, que le portage a commencé à être délaissé. Et plus encore à partir des années 1920, à partir desquelles chaque famille peut s’équiper d’une poussette… Mais les Occidentaux ne seront finalement pas restés si longtemps sans porter puisque dès les années 1970, la promiscuité entre la mère et l’enfant est à nouveau au cœur des préoccupations pour le bien-être des nouveau-nés.

Donc non, ce n’est pas une pratique culturellement réservée à l’Afrique ! Chaque pays a ses porte-bébés traditionnels : le Podeagi en Corée, le Onbuhimo au Japon, le mei-tai en Chine, le Rebozo au Mexique, l’Amauti chez les Inuits, le pagne en Afrique, l’Awayo en Amérique du Sud…

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Materner, du premier cri aux premiers pas

5. « Porter c’est pour les baba-cools »

FauxSi le « baba cool » est une personne qui a envie de se simplifier la vie en transportant un morceau de tissu utilisable en toutes circonstances plutôt qu’une poussette qui pèse environ 10kg et qui ne roule pas partout, alors oui, c’est sûrement un truc de « baba cool ». Mais il se trouve que nos jours, de nombreux parents qui sont loin de l’image du « baba cool », des parents qui bossent, qui s’habillent en costumes, qui se coiffent et qui passent leurs journées à autre chose qu’élever des chèvres sur les hauts plateaux du Larzarc, sont des parents porteurs !

Chapitre II : Bruits de couloir

6. « Les préformés sont adaptés quand bébé sait attraper ses pieds. »

FauxC’est une « vérité » je lis / entends assez souvent ! Et pourtant, c’est partiellement erroné. Même s’il est effectivement nécessaire d’attendre que l’écart naturel de bassin de votre enfant soit suffisant, et que le fait qu’il attrape ses pieds soit UN DES SIGNES qui l’annonce (mais pas le seul !), les préformés n’en sont pas pour autant parfaitement adaptés à partir de ce moment-là. En effet, les porte-bébés préformés ne permettent pas de positionner l’enfant dans sa position de confort absolu, assis-accroupi. Son bassin manquera toujours partiellement de bascule, ce qui signifie que son dos doit en partie se maintenir seul et lutter contre la gravité. Or, il est préférable que cela se produise quand le bébé est capable de se tenir debout seul, signe que ses vertèbres et ses muscles sont prêts à lutter contre la gravité. Attention hein, on est bien d’accord qu’il n’y a rien de dramatique à mettre son enfant de 5 ou 6 mois dans un Manduca ou un Boba… mais il faudrait de préférence limiter cela à des portages courts et attendre aux alentours de ses 9 mois pour profiter pleinement de la praticité des préformés, et surtout arrêter de véhiculer cette idée reçue.

7. « Il faut attendre que bébé écarte son bassin pour le porter sur la hanche »

Faux « Porter sur la hanche » est une expression maladroite. On devrait plutôt parler de portage décentré / sur le côté. Car si vous portez véritablement sur la hanche, comme on le fait souvent à bras en utilisant le bassin comme « siège », votre corps va compenser en se balançant du côté opposé. Et là, bonjour les maux de dos ! Donc, un petit bébé qui n’écarte pas encore son bassin peut être porté sur le côté en décentré, ce qui lui permet d’ouvrir son champ de vision et mieux observer ce qui l’entoure. Un plus grand, lui, sera porté franchement sur le côté mais pas sur la hanche à proprement parler.

Voyez plutôt cette image parlante, empruntée à l’association Bébé se porte bien, quant à ce que subit notre colonne vertébrale lorsque le portage se fait vraiment sur la hanche :

hanche-et-dos
8. « Les écharpes de portage, c’est compliqué »

FauxvraiLà je ne mets pas le tampon « faux » parce que la vérité est un peu entre le « vrai » et le « faux ».  Porter s’apprend,

Dessin de Nathalie Jomard

Dessin de Nathalie Jomard

porter demande un peu de persévérance au début pour manipuler son tissu, avoir les bons gestes, porter demande aussi à ce qu’un certain nombre de paramètres soient réunis (ne pas être pressé, avoir un bébé zen sur le moment – qui a mangé, a les fesses propres, n’est pas en pleine crise existentielle…). Donc ça s’apprend, tous les jours ne se ressemblent pas, mais, avec un peu d’entraînement et une personne compétente pour vous guider, porter est à la portée de tous. Je n’ai jamais eu de parents qui repartent de l’atelier en se disant dépités que « non, définitivement, c’est trop compliqué » (et j’espère que ça n’arrivera jamais !).

9. « Le sling, c’est super facile et rapide »

FauxvraiComme pour l’idée reçue précédente, la vérité est un peu entre le « vrai » et le « faux ». S’il est enfilé en 2 minutes chrono dans des conditions optimales (toujours les mêmes : on est calme et pas pressé, bébé ne se débat pas pour aller faire autre chose, l’aîné ne tire pas comme un sourd sur le pan qui dépasse pour vous entraîner au « gogoggan »…), le sling nécessite lui aussi un apprentissage. Aussi simple soit-il, il faut trouver ses repères, connaître les petits gestes qui permettent de réussir son installation – histoire de ne pas se retrouver avec les anneaux qui compriment un sein ou la joue de votre bébinou, de ne pas avoir un bébé avec les fesses à moitié dans la poche, le tissu non pas sur l’épaule mais sur le trapèze… aïe. Il faut donc un peu d’entraînement pour qui n’a jamais manipulé de tissu ou même un nouveau-né.

Chapitre III : la guerre des tissus

10. « J’ai fait une écharpe avec mes vieux rideaux : c’est aussi bien et c’est moins cher ! »

FauxOutre que le tissu d’écharpe des fabricants a des propriétés qui le rendent propre au portage (extensibilité en diagonale pour permettre de bien mouler le dos du bébé) et confortable, il est la plupart du temps porteur de labels qui garantissent son innocuité (BioRe, Oko-Tex, CPSIA…). En contact permanent avec la peau de votre bébé, qui le respire, le suçotte même, il est primordial que le tissu utilisé pour porter soit garanti sans substances nocives, comme les métaux lourds que l’on trouve dans les teintures. C’est donc peut-être moins cher, mais pas tout aussi bien ! Alors même s’il n’est pas nécessaire de dépenser une petite fortune pour porter confortablement et de manière sécurisée son enfant, il est tout de même plus sûr de confier ses petites fesses à des professionnels de la question.

11. « Les écharpes extensibles ne sont pas suffisamment soutenantes pour le dos d’un nouveau-né. »

FauxIdée véhiculée par certaines écoles de portage, qui circule assez fréquemment pour qu’on me la rapporte en atelier ! Et pourtant, c’est faux. Ce qui soutient le dos du bébé, c’est sa position, pas le tissu, qui n’est qu’une aide, un auxiliaire. Sinon, qu’adviendrait-il du nouveau-né ou du bébé endormi que l’on porte à bras ? Il s’avachirait sur son porteur et se tasserait sur lui-même. Or le maintien de sa base (grâce à la position physiologique) ainsi que le corps à corps avec son porteur suffisent à assurer un bon maintien de son enfant, le tissu n’étant là qu’en renfort. Du moins, aucune étude ne prouve le contraire… Le simple maintien manuel de la tête peut même produire des choses étonnantes chez les nouveau-nés !

12. « Le tissage sergé est plus soutenant que le jacquard / le tissage sergé a une meilleure extensibilité en diagonale que le tissage jacquard. »

FauxIl est tout aussi absurde de faire des généralités sur les écharpes tissées que les écharpes extensibles. Elles sont toutes très différentes les unes des autres et il n’y en a pas deux qui se comporteront de la même manière. Il y en a de très fines (comme les Paisley, les Pune) et Oscha-Surya-Tiree-kangourou-pli-par-plide très épaisses (comme la India chanvre, la Geckos Mauvein…), des toniques (Lotus Natibaby en lin) ou des molles (Indios coton). Les mélanges de matières vont aussi faire varier le maintien qu’elles apportent… Bref, certaines porteront un bambin en simple couche sans problème et seront même plus confortables que d’autres sergés.

Il est également parfois reproché aux écharpes jacquards d’avoir une extensibilité en diagonale moins régulière que le sergé, en raison des motifs tissés. Sur toutes celles que j’ai pu tester, je n’ai jamais eu cette impression d’irrégularité ou de manière tellement infime que ça n’a aucune incidence sur le réglage plis par plis. Il est pas beau ce moulage en Oscha Surya Tiree ?

7 commentaires sur “12 idées reçues sur le portage

  1. Merci pour l’article qui éclaire..
    Par contre j’ai un petit blocage : j’avais prévu de porter ma fille dans un sling assez rapidement.. J’avoue ne pas avoir pense aux soucis mammaires qui s’installent depuis un lit de temps et qui m’empêche ( le contact des tissus est pas des masses supportable)..
    Du coup tu aurais l’une ou l’autre astuce pour moi :-)))? Sachant qu’elle a deux mois..
    Merci

    • Bonjour Sam,

      Je ne suis pas sûre de bien comprendre la question… le contact du tissu avec la poitrine en sling est assez limité… C’est plutôt le contact avec bébé qui pose problème non ? Dans ce cas, le portage dos offre cette possibilité de dégager complètement les seins de tout contact… Bon courage !

      • Bjr 🙂
        Oui en effet c’est pas le contact.. Même portée a bras c’est un peu compliqué..
        En dorsale a 2 mois c’est faisable?? J’imagine qu’avec un sling c’est mort..
        Tu px m’en dire plus :-)?

        Merci merci

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